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donnait tout à fait la sensation de l’Océan. Oui, la mer était là, devant eux, là-bas ! Ils n’en pouvaient douter, car ils recevaient son haleine sur la face !

Il avait pour elle des câlineries enfantines :

— Donnez vos doigts que je les mange, ce sont mes bonbons, à moi.

Il les prenait, l’un après l’autre, dans sa bouche, et semblait les goûter avec des frissons gourmands :

— Oh ! qu’ils sont bons ! Le petit surtout. Je n’ai jamais rien mangé de meilleur que le petit.

Puis il se mettait à genoux, posant ses coudes sur les genoux de Christiane et il murmurait :

— Liane, regardez-moi ?

Il l’appelait Liane parce qu’elle s’enlaçait à lui, pour l’embrasser, comme une plante étreint un arbre.

— Regardez-moi. Je vais entrer dans votre âme.

Et ils se regardaient de ce regard immobile, obstiné, qui semble vraiment mêler deux êtres l’un à l’autre !

— On ne s’aime bien qu’en se possédant ainsi, disait-il, toutes les autres choses de l’amour sont des jeux de polissons.

Et face à face, confondant leurs haleines,