Page:Maupassant - Mont-Oriol, éd. Conard, 1910.djvu/179

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et Gontran s’en allaient en causant et sans s’occuper d’eux, elle dit, d’une voix ferme, en fixant sur le jeune homme un regard tendre et décidé :

— Je vous appartiens corps et âme. Faites de moi désormais ce qu’il vous plaira.

Puis elle sortit, sans le laisser répondre.

En approchant de la source des Oriol, ils aperçurent, pareil à un énorme champignon, le chapeau du père Clovis, qui sommeillait sous le soleil, dans l’eau chaude, au fond de son trou. Il y passait maintenant ses matinées entières, accoutumé à ce bain brûlant qui le rendait, disait-il, plus gaillard qu’un nouveau marié.

Andermatt le réveilla :

— Eh bien, mon brave, ça va-t-il mieux ?

Quand il eut reconnu son bourgeois, le vieux fit une grimace de satisfaction :

— Oui, oui, cha va, cha va à lo voulounta.

— Est-ce que vous commencez à marcher ?

— Comme un lapin, môchieu, comme un lapin. Je dancherai une bourrée avec ma bonne amie au premier dimanche du mois.

Andermatt sentit battre son cœur ; il répéta :

— Vrai, vous marchez ?