Page:Maupassant - Mont-Oriol, éd. Conard, 1910.djvu/167

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Elle s’éloignait vers le mur, saisie d’une peur folle, d’une peur nerveuse de ce petit homme rose et content qui tendait ses lèvres vers elle. Puis, brusquement, elle lui offrit son front en fermant les yeux. Il y posa un baiser calme, et demanda :

— Tu permets que je me lave un peu dans ton cabinet de toilette ? Comme on ne m’attendait pas aujourd’hui, on n’a point préparé ma chambre.

Elle balbutia :

— Mais certainement.

Et il disparut par une porte, au pied du lit.

Elle l’entendait remuer, clapoter, siffloter ; puis il cria :

— Quoi de neuf ici ? Moi j’ai des nouvelles excellentes. L’analyse de l’eau a donné des résultats inespérés. Nous pourrons guérir au moins trois maladies de plus qu’à Royat. C’est superbe !

Elle s’était assise dans son lit, suffoquant, la tête égarée par ce retour imprévu qui la frappait comme une douleur et l’étreignait comme un remords. Il reparut, content, répandant autour de lui une forte odeur de verveine. Alors il s’assit familièrement sur le pied du lit et demanda :

— Et le paralytique ? Comment va-t-il ?