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supérieure, active, ouverte et pénétrante d’un homme.

Gontran les rejoignit brusquement :

— Retournez-vous, dit-il, et regardez le ménage Honorat.

Ils se retournèrent et aperçurent le docteur Honorat flanqué d’une grosse et vieille dame en robe bleue, dont la tête semblait un jardin de pépiniériste, toutes les variétés de plantes et de fleurs se trouvant réunies sur son chapeau.

Christiane, stupéfaite, demanda :

— C’est sa femme ? mais elle a quinze ans de plus que lui !

— Oui, soixante-cinq ans ; une ancienne sage-femme aimée entre deux accouchements. C’est du reste, paraît-il, un de ces ménages où on se cogne du matin au soir.

Ils revenaient vers le Casino, attirés par les clameurs du public. Sur une grande table, devant l’établissement, étaient étalés les lots de la tombola dont Petrus Martel, assisté de Mlle Odelin, de l’Odéon, une toute petite brunette, tirait et annonçait les numéros, avec des boniments de charlatan qui amusaient beaucoup la foule. Le marquis, accompagné des petites Oriol et d’Andermatt, reparut et demanda :

— Restons-nous ici ? C’est bien bruyant.