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main, réglant l’allure des animaux. De temps en temps il se tournait, et, sans jamais frapper, touchait l’épaule ou le front d’une vache qui clignait ses gros yeux vagues et obéissait à son geste.

Christiane et Paul se rangèrent pour les laisser passer.

Il lui dit :

— Sentez-vous ?

Elle s’étonna :

— Quoi donc ? ça sent l’étable.

— Oui, ça sent l’étable ; et toutes ces vaches qui vont par les chemins, car il n’y a point de chevaux dans ce pays, sèment sur les routes cette odeur d’étable qui, mêlée à la poussière fine, donne au vent une saveur de vanille.

Christiane, un peu dégoûtée, murmura :

— Oh !

Il reprit :

— Permettez, en ce moment j’analyse comme un pharmacien. En tout cas, nous sommes, madame, dans le pays le plus séduisant, le plus doux, le plus reposant que j’aie jamais vu. Un pays de l’âge d’or. Et la Limagne, oh ! la Limagne ! Mais je ne vous en parle pas, je veux vous la montrer. Vous verrez !

Le marquis et Gontran les rejoignirent. Le