Page:Maupassant - Monsieur Parent.djvu/256

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ça ira, la désolée Ça ira, dans cette tranquille et grasse fonctionnaire du gouvernement ?

Ça ira ! Que de souvenirs s’éveillèrent brusquement en moi : Bougival, La Grenouillère, Chatou, le restaurant Fournaise, les longues journées en yole au bord des berges, dix ans de ma vie passés dans ce coin de pays, sur ce délicieux bout de rivière.

Nous étions alors une bande d’une douzaine, habitant la maison Galopois, à Chatou, et vivant là d’une drôle de façon, toujours à moitié nus et à moitié gris. Les mœurs des canotiers d’aujourd’hui ont bien changé. Ces messieurs portent des monocles.

Or notre bande possédait une vingtaine de canotières, régulières et irrégulières. Dans certains dimanches, nous en avions quatre ; dans certains autres, nous les avions toutes. Quelques-unes étaient là, pour ainsi dire, à demeure, les autres venaient quand elles n’avaient rien de mieux à faire. Cinq ou six vivaient sur le commun, sur les hommes sans femmes, et, parmi celles-là, Ça ira.