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Et la pensée m’entre dans la tête : « Si je le tuais ? »

Je réponds : — Tu es tout seul, mon garçon ?

— Oui, M’sieu.

— Tout seul dans le bois ?

— Oui, M’sieu.

L’envie de le tuer me grisait comme de l’alcool. Je m’approchai tout doucement, persuadé qu’il allait s’enfuir. Et voilà que je le saisis à la gorge… Je le serre, je le serre de toute ma force ! Il m’a regardé avec des yeux effrayants ! Quels yeux ! Tout ronds, profonds, limpides, terribles ! Je n’ai jamais éprouvé une émotion si brutale… mais si courte ! Il tenait mes poignets dans ses petites mains, et son corps se tordait ainsi qu’une plume sur le feu. Puis il n’a plus remué.

Mon cœur battait, ah ! le cœur de l’oiseau ! J’ai jeté le corps dans le fossé, puis de l’herbe par-dessus.

Je suis rentré, j’ai bien dîné. Comme c’est peu de chose ! Le soir, j’étais très gai, léger,