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des magiciennes des Mille et une nuits, un de ces êtres dangereux et perfides qui ont pour mission d’entraîner les hommes en des abîmes inconnus. Je pensai à Salomon faisant passer sur une glace la reine de Saba pour s’assurer qu’elle n’avait point le pied fourchu.

Et… et quand il fallut lui chanter ma chanson d’amour, je découvris que je n’avais plus de voix, mais plus un filet, mon cher. Pardon, j’avais une voix de chanteur du Pape, ce dont elle s’étonna d’abord et se fâcha ensuite absolument, car elle prononça, en se rhabillant avec vivacité :

— Il était bien inutile de me déranger.

Je voulus lui faire accepter la bague achetée pour elle, mais elle articula avec tant de hauteur : « Pour qui me prenez-vous, Monsieur ? » que je devins rouge jusqu’aux oreilles de cet empilement d’humiliations. Et elle partit sans ajouter un mot.

Or voilà toute mon aventure. Mais ce qu’il y a de pis, c’est que, maintenant, je suis amoureux d’elle et follement amoureux.