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pour bien la voir venir. Quand elle passa près de moi, à me toucher, il me sembla que j’étais devant la bouche d’un four. Puis, lorsqu’elle se fut éloignée, j’eus la sensation d’un vent frais qui me courait sur le visage. Je ne la suivis pas. J’avais peur de faire quelque sottise, peur de moi-même.

Elle hanta souvent mes rêves. Tu connais ces obsessions-là.

Je fus un an sans la retrouver ; puis, un soir, au coucher du soleil, vers le mois de mai, je la reconnus qui montait devant moi l’avenue des Champs-Élysées.

L’arc de l’Étoile se dessinait sur le rideau de feu du ciel. Une poussière d’or, un brouillard de clarté rouge voltigeait, c’était un de ces soirs délicieux qui sont les apothéoses de Paris.

Je la suivais avec l’envie furieuse de lui parler, de m’agenouiller, de lui dire l’émotion qui m’étranglait.

Deux fois je la dépassai pour revenir. Deux fois j’éprouvai de nouveau, en la croisant,