le malade raconta qu’elle faisait le tour de son oreille. Il imitait avec son doigt les mouvements de la bête, semblait la voir, la suivre du regard : « Tenez, v’la qu’a r’monte… gniau… gniau… gniau… qué misère ! »
Caniveau s’impatientait : « C’est l’iau qui la rend enragée, c’te bête. All’ est p’t-être ben accoutumée au vin. »
On se remit à rire. Il reprit : « Quand j’allons arriver au café Bourbeux, donne-li du fil en six et all’ n’bougera pu, j’te le jure. »
Mais Belhomme n’y tenait plus de douleur. Il se mit à crier comme si on lui arrachait l’âme. Le curé fut obligé de lui soutenir la tête. On pria Césaire Horlaville d’arrêter à la première maison rencontrée.
C’était une ferme en bordure sur la route. Belhomme y fut transporté ; puis on le coucha sur la table de cuisine pour recommencer l’opération. Caniveau conseillait toujours de mêler de l’eau-de-vie à l’eau, afin de griser et d’endormir la bête, de la tuer peut-être. Mais le curé préféra du vinaigre.