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rien, mais vivre est tout. Elles ne guérissaient pas, ses eaux, elles faisaient vivre ! Qu’importent le foie, les bronches, le larynx, les reins, l’estomac, l’intestin ! Il n’importe que de vivre.

Ce grand homme, un jour qu’il était gai, conta cette aventure.

Un matin, il fut appelé auprès d’un nouveau voyageur, M. D…, arrivé la veille au soir et qui avait loué un pavillon tout près de la source Souveraine. C’était un petit vieillard de quatre-vingt-six ans, encore vert, sec, bien portant, actif, et qui prenait une peine infinie à dissimuler son âge.

Il fit asseoir le médecin et l’interrogea tout de suite :

— Docteur, si je me porte bien, c’est grâce à l’hygiène. Sans être très vieux, je suis déjà d’un certain âge, mais j’évite toutes les maladies, toutes les indispositions, tous les plus légers malaises par l’hygiène. Vous affirmez que le climat de ce pays est très favorable à la santé ; je suis tout prêt à le croire, mais avant de me fixer ici, j’en veux les preuves. Je vous prierai donc de venir chez moi une fois par semaine pour me donner bien exactement les renseignements suivants :