Page:Maupassant - Maison d’artiste, paru dans Le Gaulois, 12 mars 1881.djvu/5

Cette page a été validée par deux contributeurs.

comme il pourrait dire lui-même en parlant de ses plus belles faïences. Il porte la moustache seulement ; il est de haute taille, mince, d’une grande aisance un peu froide. Sa maison est bien le cadre qui lui convient.

C’est lui qui a écrit : « Il y a de gros et lourds hommes d’État, des gens à souliers carrés, à manières rustaudes, tachés de petite vérole, grosse race, qu’on pourrait appeler les percherons de la politique. »

Si cette race de percherons existe chez les hommes de lettres, il en est de tout point l’opposé.

Dès qu’on est entré dans son cabinet, une lueur tire l’œil au plafond : c’est une soierie japonaise d’une telle richesse de couleur, qu’on en demeure ébloui. Deux griffons d’un relief surprenant courent dans un champ de pivoines ; les bêtes fantastiques, contorsionnées, gambadent au milieu des fleurs merveilleuses, éclatantes comme des lumières. C’est une robe d’acteur, paraît-il. Nos plus folles actrices n’en ont point d’aussi riches.