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plus que toute autre, était née sociétaire de la Comédie-Française ; et j’ai grand mal à comprendre qu’elle ne le soit pas encore.

Car c’est une classique. Son jeu est sobre, savant, violent ou doux, à sa volonté. Tous ses effets sont étudiés, sûrs et naturels. Rien, dans ses créations, n’est laissé au hasard de l’improvisation. Elle excelle dans le drame, réussit dans la fine comédie, triomphe dans la tendresse.

Elle a eu pour professeurs deux maîtres, Delsarte et M. Régnier, qui la traitaient en égale. Avec le dernier, elle a étudié Célimène, et il la jugeait excellente. Un de ses grands succès en Russie a été dans le rôle de Fortunio, du Chandelier. Elle a joué, enfin, tout le répertoire de la maison dite de Molière, mieux assurément que plusieurs des actrices qu’on nous y montre aujourd’hui ; et mes voisins, deux critiques dramatiques, en l’écoutant, l’autre soir, au Gymnase, me disaient : « En dehors de Madeleine Brohan,