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Peut-être avait-il simplement ce mystérieux pouvoir de domination que certains êtres ont possédé, cette influence sur les hommes, cette faculté de commander et d’être obéi, aimé, suivi sans résistance : ce don de fascination accordé aux prophètes, aux bavards et aux conquérants, ces meurtriers.

Hoffmann, dans un de ses contes, parle d’un être difforme à qui une fée octroya la faculté surnaturelle de paraître toujours ce qu’il n’était pas. M. Gambetta était peut-être un protégé de cette fée, un de ces privilégiés.

Sa mort nous en est une preuve. Elle fut piteuse et presque risible. Et personne cependant n’eut l’envie ou la pensée d’en rire. Pourquoi ? Ses ennemis eux-mêmes se sont tus. Un roi serait mort ainsi, on l’aurait chansonné le lendemain.