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Sait-on ce qu’ils gagnent, ces bacheliers, ces licenciés en droit, ces garçons que l’ignorance de la vie, la négligence coupable des pères et la protection d’un haut fonctionnaire ont fait entrer, un jour, comme surnuméraires dans un ministère ?

Quinze ou dix-huit cents francs au début ! Puis, de trois ans en trois ans, ils obtiennent une augmentation de trois cents francs, jusqu’au maximum de quatre mille, auquel ils arrivent vers cinquante ou cinquante-cinq ans. Je ne parle point ici des très rares élus qui deviennent chefs de bureau. J’en dirai quelques mots tout à l’heure.

Sait-on ce que gagne aujourd’hui, dans Paris, un bon maçon ? — Quatre-vingts centimes l’heure. Soit huit francs par jour, soit deux cent huit francs par mois, soit deux mille cinq cents francs environ par an.

Un ouvrier dans une spécialité quelconque ? Douze francs par jour. Soit trois mille sept cents francs par an ! Et je ne parle pas des habiles !

Or, messieurs les gouvernants, vous savez ce que vaut le pain, et le reste, n’est-ce pas, puisque vous vous trouvez insuffisamment rétribués ? Vous admet-