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gêne son cheval à l’écurie chez maître Chicot, et réclama le dîner promis.

L’aubergiste radieux, la traita comme une dame, lui servit du poulet, du boudin, de l’andouille, du gigot et du lard au choux. Mais elle ne mangea presque rien, sobre depuis son enfance, ayant toujours vécu d’un peu de soupe et d’une croûte de pain beurrée.

Chicot insistait, désappointé. Elle ne buvait pas non plus. Elle refusa de prendre du café.

Il demanda :

— Vous accepterez toujours un petit verre.

— Ah ! pour ça, oui. Je ne dis pas non.

Et il cria de tous ses poumons, à travers l’auberge :

— Rosalie, apporte la fine, la surfine, le fil-en-dix.

Et la servante apparut, tenant une longue bouteille ornée d’une feuille de vigne en papier.

Il emplit deux petits verres.

— Goûtez ça, la mère, c’est de la fameuse.

Et la bonne femme se mit à boire tout doucement, à petites gorgées, faisant durer le plaisir. Quand elle eut vidé son verre, elle l’égoutta, puis déclara :

— Ça, oui, c’est de la fine.