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éternel « che mi fa ! » ou par son non moins éternel « mica ».

Mon ami ne dérageait plus. À toutes ses colères, je répondais : « Tu peux t’en aller si tu t’ennuies. Je ne te retiens pas. »

Alors il m’injuriait, m’accablait de reproches, s’écriait : « Mais où veux-tu que j’aille maintenant ? Nous pouvions disposer de trois semaines, et voilà quinze jours passés ! Ce n’est pas à présent que je peux continuer ce voyage ! Et puis, comme si j’allais partir tout seul pour Venise, Florence et Rome ! Mais tu me le paieras, et plus que tu ne penses. On ne fait pas venir un homme de Paris pour l’enfermer dans un hôtel de Gênes avec une rouleuse italienne ! »

Je lui disais tranquillement : « Eh bien, retourne à Paris, alors. » Et il vociférait : « C’est ce que je vais faire, et pas plus tard que demain ! »

Mais le lendemain il restait comme la veille, toujours furieux et jurant.

On nous connaissait maintenant par les rues, où nous errions du matin au soir, par les rues étroites et sans trottoirs de cette ville qui ressemble à un immense labyrinthe de pierre, percé de corridors pareils à des souterrains. Nous allions dans ces passages où