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Quand j’eus terminé mon conte, j’appelai mon serviteur de confiance, Latchmân, et je fis apporter des sucreries, des confitures et des pâtisseries, dont elles mangèrent à se rendre malades, puis commençant à trouver fort drôle cette aventure, j’organisai des jeux pour amuser mes femmes.

Un de ces divertissements surtout eut un énorme succès. Je faisais le pont avec mes jambes, et mes six bambines passaient dessous en courant, la plus petite ouvrant la marche, et la plus grande me bousculant un peu parce qu’elle ne se baissait jamais assez. Cela leur faisait pousser des éclats de rire assourdissants, et ces voix jeunes sonnant sous les voûtes basses de mon somptueux palais le réveillaient, le peuplaient de gaieté enfantine, le meublaient de vie.

Puis je pris beaucoup d’intérêt à l’installation du dortoir où allaient coucher mes innocentes concubines. Enfin je les enfermai chez elles sous la garde de quatre femmes de service que le prince m’avait envoyées en même temps pour prendre soin de mes sultanes.

Pendant huit jours, j’eus un vrai plaisir à faire le papa avec ses poupées. Nous avions d’admirables parties de cache-cache, de chat-perché et de main-