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Passons maintenant au côté des hommes. Ici, le cas est plus complexe et plus nombreux. On chuchote de si étranges histoires que l’esprit reste effaré. On parle de mineurs, d’enfants, de choses monstrueuses, et des procès se déroulent publiquement où la moitié d’une grande cité semble s’être partagé les faveurs d’une petite fille de douze ans.

Quelle est donc la source du mal ?

C’est délicat à dire, mais enfin il le faut. Cette source du mal, eh bien, c’est vous, mesdames, les femmes du monde. À qui la faute si vos maris s’encanaillent et s’encrapulent ? À qui la faute si les jeunes gens, ne trouvant plus de maîtresses spirituelles et charmantes, vont rôder en des lieux suspects ? Ah ! çà, voyons, que faites-vous ? À quoi songez-vous ? Quels sont votre rôle et votre mission ? À quoi servez-vous si vous ne savez plus vous faire aimer assez pour retenir à vos genoux les mondains ?