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sont mariés à la suite d’une correspondance anonyme ; j’en sais un qui est devenu amoureux fou d’une femme qu’il n’a jamais vue ; j’en sais un autre qui fait tranquillement des collections d’Inconnues comme on fait des collections d’insectes. Celui-là a la vogue ; les lettres abondent chez lui, car les Inconnues vont presque toujours au même, comme les papillons se posent sur une seule fleur de préférence.


Il y a deux familles principales d’Inconnues, mais chacune de ces familles se divise elle-même en plusieurs branches.

La famille la plus nombreuse et la plus intéressante est celle des « Inconnues de province ».

L’autre : « Inconnues de Paris », est moins précieuse en général.

Je passe à dessein les « Inconnues de l’étranger », qui ne sont le plus souvent que des toquées, des intrigantes, ou des Anglais mâles, amateurs d’autographes.