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de succès, malgré la précision de ses garanties scientifiques.

Or, un matin, Françoise, qui rentrait d’une course, dit à sa maîtresse :

— Voyez-vous, madame, si vous voulez couronner quelqu’un, n’y a qu’Isidore dans la contrée.

Mme  Husson resta rêveuse.

Elle le connaissait bien, Isidore, le fils de Virginie la fruitière. Sa chasteté proverbiale faisait la joie de Gisors depuis plusieurs années déjà, servait de thème plaisant aux conversations de la ville et d’amusement pour les filles qui s’égayaient à le taquiner. Âgé de vingt ans passés, grand, gauche, lent et craintif, il aidait sa mère dans son commerce et passait ses jours à éplucher des fruits ou des légumes, assis sur une chaise devant la porte.

Il avait une peur maladive des jupons qui lui faisait baisser les yeux dès qu’une cliente le regardait en souriant, et cette timidité bien connue le rendait le jouet de tous les espiègles du pays.