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Les cheveux blancs. — C’est un vieux dicton français qu’on doit respect aux cheveux blancs. Est-ce uniquement parce qu’ils sont blancs ? Et les vieillards blanchis dans les bagnes, ou simplement dans les établissements de la rue Duphot, méritent-ils notre respect ? Respecter un homme uniquement parce qu’il est vieux me paraît un comble assez drôle. Et ceux qui n’ont pas de cheveux du tout, que leur doit-on ?

La force armée. — Les conquérants. — Les grands généraux. — La puissance exterminatrice. — Autant respecter la petite vérole et le choléra.

— Les morts. — Le respect des morts est, dit-on, une des délicatesses de Paris. En d’autres pays, au contraire, on traite les morts avec le sans-gêne le plus absolu. Je comprends qu’une infâme crapule gagne en considération à partir du moment où elle crève. Mais le contraire me paraît vrai pour un honnête homme. Et je ne vois pas pourquoi on le respecte davantage dès qu’il n’est plus qu’un corps inanimé où la pourriture commence.