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ÉTRENNES

l’ami, devint l’amant, ses relations avec l’époux furent plus cordiales, comme il convient.

Jamais il n’avait vu ou deviné des orages dans cette maison, et il demeurait effaré devant cette révélation inattendue.

Il demanda :

— Comment cela est-il arrivé, dis-moi ?

Alors elle raconta une longue histoire, toute l’histoire de sa vie, depuis le jour de son mariage. La première désunion née d’un rien, puis s’accentuant de tout l’écart qui grandissait chaque jour entre deux caractères opposés.

Puis étaient venues des querelles, une séparation complète, non apparente, mais effective, puis son mari s’était montré agressif, ombrageux, violent. Maintenant il était jaloux, jaloux de Jacques, et, ce jour-là même, après une scène, il l’avait frappée.

Elle ajouta avec fermeté ; — « Je ne rentrerai plus chez lui. Fais de moi ce que tu voudras. »

Jacques s’était assis en face d’elle, leurs genoux se touchant. Il lui prit les mains :

— Ma chère amie, vous allez faire une grosse, une irréparable sottise. Si vous voulez quitter