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ÉTRENNES

C’est affreux… Je ne peux plus… je souffre trop… Il m’a frappée tantôt…

— Qui… ton mari ?

— Oui… mon mari.

— Ah !…

Il s’étonnait, n’ayant jamais soupçonné que ce mari pût être brutal. C’était un homme du monde, du meilleur, un homme de cercle, de cheval, de coulisses et d’épée ; connu, cité, apprécié partout, ayant des manières fort courtoises, un esprit fort médiocre, l’absence d’instruction et d’intelligence réelle indispensable pour penser comme tous les gens bien élevés, et le respect de tous les préjugés comme il faut.

Il paraissait s’occuper de sa femme comme on doit le faire entre personnes riches et bien nées. Il s’inquiétait suffisamment de ses désirs, de sa santé, de ses toilettes, et la laissait parfaitement libre d’ailleurs.

Randal, devenu l’ami d’Irène, avait droit à la poignée de main affectueuse que tout mari qui sait vivre doit aux familiers de sa femme. Puis quand Jacques, après avoir été quelque temps