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L’AMI JOSEPH

Ils faisaient remarquer que leur cheval trottait d’une façon surprenante pour une bête employée une partie de l’année aux travaux des champs ; et ils attendaient avec anxiété l’opinion du nouveau venu sur leur domaine de famille, sensibles au moindre mot, reconnaissants de la moindre intention gracieuse.

Joseph Mouradour fut invité, et il annonça son arrivée.

La femme et le mari étaient venus au train, ravis d’avoir à faire les honneurs de leur logis.

Dès qu’il les aperçut, Joseph Mouradour sauta de son wagon avec une vivacité qui augmenta leur satisfaction. Il leur serrait les mains, les félicitait, les enivrait de compliments.

Tout le long de la route il fut charmant, s’étonna de la hauteur des arbres, de l’épaisseur des récoltes, de la rapidité du cheval.

Quand il mit le pied sur le perron du château, M. de Méroul lui dit avec une certaine solennité amicale :

— Tu es chez toi, maintenant.

Joseph Mouradour répondit :

— Merci, mon cher, j’y comptais. Moi, d’ail-