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LE PÈRE MILON

On l’avait trouvé là tout sanglant, sur la paille…

Quand il eut fini son récit, il releva soudain la tête et regarda fièrement les officiers prussiens.

Le colonel, qui tirait sa moustache, lui demanda :

— Vous n’avez plus rien à dire ?

— Non, pu rien ; l’compte est juste : J’en ai tué seize, pas un de pus, pas un de moins.

— Vous savez que vous allez mourir ?

— J’vous ai pas d’mandé de grâce.

— Avez-vous été soldat ?

— Oui. J’ai fait campagne, dans le temps. Et puis, c’est vous qu’avez tué mon père, qu’était soldat de l’Empereur premier. Sans compter que vous avez tué mon fils cadet, François, le mois dernier, auprès d’Évreux. Je vous en devais, j’ai payé. Je sommes quittes.

Les officiers se regardaient.

Le vieux reprit :