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pas assez d’esprit pour laisser au visage de ses adversaires des traces ineffaçables d’ironie, car les blessures d’une épée se cicatrisent plus vite que celles d’une plume. Si on n’a pas l’Esprit qui tue, on se contente du bras. N’importe ! quand deux hommes nourrissent la prétention, peu légitime, il est vrai, d’appartenir à la profession de Voltaire et de Beaumarchais, quand ils ont aux mains l’arme toute-puissante, l’arme féroce qui abat les ministres, détrône les rois, déracine les monarchies, crève les superstitions, il est infiniment drôle de voir ces spadassins de la phrase s’injurier comme des portefaix, jeter leur encrier, et dégainer des flamberges à la façon des soudards sans orthographe.

Vraiment l’insulte entre journalistes est un moyen trop facile de se passer de talent !



Qu’on n’aille point conclure de là que je méprise l’escrime, art subtil et charmant, auquel je ne reconnais qu’un tort, celui