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Puis nous allons visiter les mines de soufre. Nous entrons dans les montagnes. C’est devant nous un vrai pays de désolation, une terre misérable qui semble maudite, condamnée par la nature. Les vallons s’ouvrent, gris, jaunes, pierreux, sinistres, portant la marque de la réprobation divine, avec un superbe caractère de solitude et de pauvreté.

On aperçoit enfin, de place en place, quelques vilains bâtiments, très bas. Ce sont les mines. On en compte, parait-il, plus de mille dans ce bout de pays.

En pénétrant dans l’enceinte de l’une d’elles, on remarque d’abord un monticule singulier, grisâtre et fumant. C’est une vraie source de soufre, due au travail humain.

Voici comment on l’obtient. Le soufre, tiré des mines, est noirâtre, mélangé de terre, de calcaire, etc., et forme une sorte de pierre dure et cassante. Aussitôt apporté des galeries, on en construit une haute butte, puis on met le feu dans le milieu. Alors un incendie lent, continu, profond, ronge, pendant des semaines entières, le centre de la montagne factice et dégage le soufre pur, qui entre en fusion et coule ensuite, comme de l’eau, au moyen d’un petit canal.