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travail artiste qu’il doit introduire dans son plan.

Le tapissier, à des conditions différentes, est chargé de la décorer. Comme ces industriels n’ignorent pas l’incompétence native de leurs clients et ne se hasarderaient point à leur proposer de l’inconnu, ils se contentent de recommencer à peu près ce qu’ils ont déjà fait pour d’autres.

Quand on a visité dans Gênes ces antiques et nobles demeures, admiré quelques tableaux et surtout trois merveilles de ce chef-d’œuvrier qu’on nomme Van Dyck, il ne reste plus à voir que le Campo-Santo, cimetière moderne, musée de sculpture funèbre le plus bizarre, le plus surprenant, le plus macabre et le plus comique peut-être, qui soit au monde. Tout le long d’un immense quadrilatère de galerie, cloître géant ouvert sur un préau que les tombes des pauvres couvrent d’une neige de plaques blanches, on défile devant une succession de bourgeois de marbre qui pleurent leurs morts.

Quel mystère ! L’exécution de ces personnages atteste un métier remarquable, un vrai talent d’ouvriers d’art. La nature des robes, des vestes, des pantalons, y apparaît par des procédés de facture stupéfiants. J’y vis une toilette de moire,