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ques instants, mon petit cœur naïf de jeune garçon.




Une des plus belles choses qu’on puisse voir au monde : Gênes, de la haute mer.

Au fond du golfe, la ville se soulève comme si elle sortait des flots, au pied de la montagne. Le long des deux côtes qui s’arrondissent autour d’elle pour l’enfermer, la protéger et la caresser, dirait-on, quinze petites cités, des voisines, des vassales, des servantes, reflètent et baignent dans l’eau leurs maisons claires. Ce sont, à gauche de leur grande patronne, Cogoleto, Arenzano, Voltri, Pra, Pegli, Sestri-Ponente, San Pier d’Arena ; et, à droite, Sturla, Quarto, Quinto, Nervi, Bogliasco, Sori, Recco, Camogli, dernière tache blanche sur le cap de Porto-Fino, qui ferme le golfe au sud-est.

Gênes au-dessus de son port immense se dresse sur les premiers mamelons des Alpes, qui s’élèvent par derrière, courbées et s’allongeant en une muraille géante. Sur le môle une tour très haute et carrée, le phare appelé « la Lanterne », a l’air d’une chandelle démesurée.