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Sous la porte cochère du collège royal, ouverte à deux battants en ces jours de vacances, une vieille femme rapièce un matelas sordide.




Nous entrons dans le port de Savone.

Un groupe d’immenses cheminées d’usines et de fonderies, qu’alimentent chaque jour quatre ou cinq grands vapeurs anglais chargés de charbon, projettent dans le ciel, par leurs bouches géantes, des vomissements tortueux de fumée, retombés aussitôt sur la ville en une pluie noire de suie, que la brise déplace de quartier en quartier, comme une neige d’enfer.

N’allez point dans ce port, canotiers-caboteurs qui aimez garder sans tache les voiles blanches de vos petits navires.

Savone est gentille pourtant, bien italienne, avec des rues étroites, amusantes, pleines de marchands agités, de fruits étalés par terre, de tomates écarlates, de courges rondes, de raisins noirs ou jaunes et transparents comme s’ils avaient bu de la lumière, de salades vertes épluchées à la hâte et dont les feuilles semées à