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fusion du sang et ne l’admettent que pour la défense de la foi. La moitié des actes de la vie, le contact accidentel ou volontaire de la main d’une femme, d’un objet humide, sale ou défendu, sont des fautes graves qui réclament des ablutions particulières et prolongées.

Le célibat, qui pousse à la débauche, la colère, les chants, la musique, le jeu, la danse, toutes les formes du luxe, le tabac, le café pris dans un établissement public, sont des péchés qui peuvent faire encourir, si on y persévère, une redoutable excommunication appelée la tebria.

Contrairement à la doctrine de la plupart des congréganistes musulmans, qui déclarent les pratiques pieuses, les oraisons et l’exaltation mystique suffisantes pour sauver le fidèle, quels que soient ses actes, les Ibadites n’admettent le salut éternel de l’homme que par la pureté de sa vie. Ils poussent à l’excès l’observation des prescriptions du Coran, traitent en hérétiques les derviches et les fakirs, ne croient pas valable auprès de Dieu, maître souverainement juste et inflexible, l’intervention des prophètes ou saints, dont cependant ils vénèrent la mémoire. Ils nient les inspirés et les illuminés, et ne reconnaissent pas même à l’iman le droit d’amnistier son semblable