Page:Maupassant - La Vie errante.djvu/192

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quelle est l’histoire de cette cité, la Tusdrita de Pline, la Thysdrus de Ptolémée, dont le nom seul se trouve transcrit une ou deux fois par les historiens ? Que lui manque-t-il pour être célèbre, puisqu’elle fut si grande, si peuplée et si riche ? Presque rien, un Homère !

Sans lui, qu’eût été Troie ? qui connaîtrait Ithaque ?

Dans ce pays, on apprend par ses yeux ce qu’est l’histoire et surtout ce que fut la Bible. On comprend que les patriarches et tous les personnages légendaires, si grands dans les livres, si imposants dans notre imagination, furent de pauvres hommes qui erraient à travers les peuplades primitives, comme errent ces Arabes graves et simples, pleins encore de l’âme antique et vêtus du costume antique. Les patriarches ont eu seulement des poètes historiens pour chanter leur vie.

Une fois au moins par jour, au pied d’un olivier, au coin d’un bois de cactus, on rencontre la Fuite en Égypte ; et on sourit en songeant que les peintres galants ont fait asseoir la Vierge Marie sur l’âne qui fut monté sans aucun doute par joseph, son époux, tandis qu’elle suivait à pas pesants, un peu courbée, portant sur son dos,