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certains cas, insoluble cette difficulté, il permet au cadi d’autoriser le premier acheteur à ajouter aux sommes stipulées une poignée de menues piécettes indéterminées, par conséquent inconnues, ce qui met les voisins limitrophes dans il impossibilité absolue de fournir une somme strictement et matériellement semblable.

Devant l’opposition d’un Israélite, M. Lévy, voisin de l’Enfida, les Français demandèrent au cadi l’autorisation d’ajouter au prix convenu cette poignée de menues monnaies. L’autorisation leur fut refusée.

Mais le code musulman est fécond en moyens, et un autre se présenta. Ce fut d’acheter cet énorme bloc de terres de 140,000 hectares, moins un ruban d’un mètre, sur tout le contour. Dès lors, il n’y avait plus contact avec un autre voisin ; et la société franco-africaine demeura, malgré tous les efforts de ses ennemis et du ministère beylical, propriétaire de l’Enfida.

Elle y a fait faire de grands travaux dans toutes les parties fertiles, a planté des vignes, des arbres, fondé des villages et divisé les terres par portions régulières de 10 hectares chacune, afin que les Arabes eussent toute facilité pour choisir et indiquer leur choix sans erreur possible.