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de la haute montagne grise, ressemblaient à des tas de linge blanc mis à sécher sur les plages. Quelques brumes fumaient sur les pentes des Alpes, effaçaient les vallées en rampant vers les sommets dont les crêtes dessinaient une immense ligne dentelée dans un ciel rose et lilas.

Et la nuit tomba sur nous, la montagne disparut, des feux s’allumèrent au ras de l’eau tout le long de la grande côte.

Une bonne odeur de cuisine, sortit de l’intérieur du yacht, se mêlant agréablement à la bonne et fraîche odeur de l’air marin.

Lorsque j’eus dîné, je m’étendis sur le pont. Ce jour tranquille de flottement avait nettoyé mon esprit comme un coup d’éponge sur une vitre ternie ; et des souvenirs en foule surgissaient dans ma pensée, des souvenirs sur la vie que je venais de quitter, sur des gens connus, observés ou aimés.

Être seul, sur l’eau, et sous le ciel, par une nuit chaude, rien ne fait ainsi voyager l’esprit et vagabonder l’imagination. Je me sentais surexcité, vibrant, comme si j’avais bu des vins capiteux, respiré de l’éther ou aimé une femme.

Une petite fraîcheur nocturne mouillait la peau d’un imperceptible bain de brume salée.