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même en des trous, heurtant les maisons de la main et de l’épaule et entendant parfois des voix, des bruits de musique, des rumeurs de fête sauvage sortir des murs, étouffés, comme lointains, effrayants d’assourdissement et de mystère. Nous sommes en plein dans le quartier de la débauche.

Devant une porte on s’arrête ; nous nous dissimulons à droite et à gauche tandis que l’agent frappe à coups de poing en criant une phrase arabe, un ordre.

Une voix faible, une voix de vieille répond derrière la planche ; et nous percevons maintenant des sons d’instruments et des chants criards de femmes arabes dans les profondeurs de ce repaire.

On ne veut pas ouvrir. L’agent se fâche, et de sa gorge sortent des paroles précipitées, rauques et violentes. À la fin, la porte s’entrebâille, l’homme la pousse, entre comme en une ville conquise, et d’un beau geste vainqueur semble nous dire : « Suivez-moi. »

Nous le suivons, en descendant trois marches qui nous mènent en une pièce basse, où dorment, le long des murs, sur des tapis, quatre enfants arabes, les petits de la maison. Une vieille, une de ces vieilles indigènes qui sont des paquets de