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Je tourne à droite par un tout petit passage qui semble tomber dans la mer, étalée au loin, derrière la pointe de Saint-Eugène, et j’aperçois, au bout de ce tunnel, à quelques mètres sous moi, un bijou de mosquée, ou plutôt une toute mignonne zaouia qui s’égrène par petits bâtiments et par petits tombeaux carrés, ronds et pointus, le long d’un escalier allant en zigzags de terrasse en terrasse.

L’entrée en est masquée par un mur qu’on dirait bâti en neige argentée, encadré de carrelages en faïence verte, et percé d’ouvertures régulières par où l’on voit la rade d’Alger.

J’entre. Des mendiants, des vieillards, des enfants, des femmes sont accroupis, sur chaque marche, la main tendue, et demandent l’aumône en arabe. À droite, dans une petite construction couronnée aussi de faïences, est une première sépulture, et l’on aperçoit, par la porte ouverte, des fidèles assis devant le tombeau. Plus bas s’arrondit le dôme éclatant de la koubba du marabout d’Abd-er-Rahman, à côté du minaret mince et carré d’où l’on appelle à la prière.

Voici, tout au long de la descente, d’autres tombes plus humbles, puis celle du célèbre Ahmed, bey de Constantine, qui fit dévorer par