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inimaginable à travers un labyrinthe de ruelles emmêlées, tortueuses, entre les murs sans fenêtres des maisons mauresques. Elles se touchent presque à leur sommet, et le ciel, aperçu entre les terrasses, semble une arabesque bleue d’une irrégulière et bizarre fantaisie. Quelquefois, un, escarpé comme un sentier long couloir sinueux et voûté de montagne, paraît conduire directement dans l’azur dont on aperçoit soudain, au détour d’un mur, au bout des marches, là-haut, la tache éclatante, pleine de lumière.

Tout le long de ces étroits corridors sont accroupis, au pied des maisons, des Arabes qui sommeillent en leurs loques ; d’autres, entassés dans les cafés maures, sur des banquettes circulaires ou par terre, toujours immobiles, boivent en de petites tasses de faïence qu’ils tiennent gravement entre leurs doigts. En ces rues étroites qu’il faut escalader, le soleil tombant par surprises, par filets ou par grandes plaques à chaque cassure des voies entrecroisées, jette sur les murs des dessins inattendus, d’une clarté aveuglante et vernie. On aperçoit, par les portes entrouvertes, les cours intérieures qui soufflent de l’air frais. C’est toujours le même puits carré qu’enferme une colonnade supportant des gale-