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les hommes, mais elles ne viennent presque jamais. Dieu est trop loin, trop haut, trop imposant pour elles. On n’oserait pas lui raconter tous les soucis, lui confier toutes les peines, lui demander tous les menus services, les menues consolations, les menus secours contre la famille, contre le mari, contre les enfants, dont ont besoin les coeurs de femme. Il faut un intermédiaire plus humble entre lui si grand et elles si petites.

Cet intermédiaire, c’est le marabout. Dans la religion catholique, n’avons-nous pas les saints et la Vierge Marie, avocats naturels des timides auprès de Dieu ?

C’est donc au tombeau du saint, dans la petite chapelle où il est enseveli, que nous trouverons la femme arabe en prière.

Allons l’y voir.

La zaouia Abd-er-Rahman-el-Tcalbi est la plus originale et la plus intéressante d’Alger. On nomme « zaouia » une petite mosquée unie à une koubba (tombeau d’un marabout), et comprenant aussi parfois une école et un cours de haut enseignement pour les musulmans lettrés.

Pour atteindre la zaouia d’Abd-er-Rahman, il faut traverser la ville arabe. C’est une montée