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En d’autres jours, le spectacle est tout différent, dit-on.

On attend le lever du soleil qui apparaît derrière les côtes de la Calabre. Elles jettent au loin leur ombre sur la mer, jusqu’au pied de l’Etna, dont la silhouette sombre et demesurée couvre la Sicile entière de son immense triangle, qui s’efface à mesure que l’astre s’élève. On découvre alors un panorama ayant plus de 400 de diamètre, et 1,300 de circonférence, avec l’Italie au nord et les îles Lipari, dont les deux volcans semblent saluer leur père ; puis, tout au sud, Malte, à peine visible. Dans les ports de la Sicile, les navires ont l’air d’insectes sur la mer.

Alexandre Dumas père a fait de ce spectacle une description très heureuse et très enthousiaste.

Nous redescendons, autant sur le dos que sur les pieds, le cône rapide du cratère, et nous entrons bientôt dans l’épaisse ceinture de nuages qui enveloppe la cime du mont. Après une heure de marche à travers les brumes, nous l’avons enfin franchie et nous découvrons, sous nos pieds, l’île dentelée et verte, avec ses golfes, ses caps, ses villes, et la grande mer toute bleue qui l’enferme.

Revenus à Catane, nous partons le lendemain pour Syracuse.