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N’est-ce pas là une simple image de la vie, de nos aspirations toujours trompées, de nos rêves toujours décevants et de la désillusion finale où nous tombons désespérés ?

Les fées sont nombreuses, bienveillantes et très pauvres, paraît-il : comme si personne ne pouvait être riche en ce pays de gueuserie. On rencontre, dit-on, beaucoup de nains, frères des Korrigans bretons. On affirme qu’ils sont coiffés d’un bonnet rouge, sous lequel flambent leurs cheveux ardents.

Le plus drôle assurément de tous les génies fantastiques de cette terre est le facétieux Pooka.

C’est un petit cheval noir qui sort, quand vient la nuit, de son écurie souterraine.

Il galope, il galope par monts et par vaux, cherchant un paysan attardé. L’homme, au loin, frémit au bruit des fers du cheval-démon ; il s’arrête, tremblant des cheveux aux pieds, et le Pooka