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Contre les malices de ces esprits tracassiers, on invoque la protection des saints et principalement de sainte Latheerine.

Elle était, de son vivant, simple et belle, et habitait auprès du village de Cullen. Sa misérable cabane, ouverte à tous les vents, ne la protégeant nullement contre le froid, elle allait souvent demander un peu de feu au forgeron, son voisin. Elle rapportait alors quelques charbons allumés dans une écuelle de terre qu’elle cachait sous sa jupe. Or, un jour, au moment où elle dissimulait ainsi sa provision de chaleur, le forgeron, homme passionné, remarqua que la sainte avait de jolies jambes. Il crut d’abord avoir commis un grand péché et se reprocha sa hardiesse ; mais le lendemain, il ne put s’empêcher de regarder encore, et il en fit autant les jours suivants. Enfin, au bout de la semaine, n’y tenant plus, il communiqua sa découverte à la sainte.