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Un jour, pourtant, le gars qui l’avait attaqué le premier lui dit :

— Tu as menti, tu n’as pas un papa qui s’appelle Philippe.

— Pourquoi ça ? — demanda Simon très ému.

Le gars se frottait les mains. Il reprit :

— Parce que si tu en avais un, il serait le mari de ta maman.

Simon se troubla devant la justesse de ce raisonnement, néanmoins il répondit : — « C’est mon papa tout de même. »

— Ça se peut bien, dit le gars en ricanant, mais ce n’est pas ton papa tout à fait.

Le petit à la Blanchotte courba la tête et s’en alla rêveur du côté de la forge au père Loizon, où travaillait Philippe.

Cette forge était comme ensevelie sous des arbres. Il y faisait très sombre ; seule, la lueur rouge d’un foyer formidable éclairait par grands reflets cinq forgerons aux bras nus qui frappaient sur leurs enclumes avec un terrible fracas. Ils se tenaient debout, enflammés comme des démons, les yeux fixés