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mis les chaises à leur place, elle était prête à descendre, quand apparurent devant elle son fils et sa belle-fille.

Caravan se précipita, lui saisit les mains, l’embrassa, les larmes aux yeux ; tandis que sa femme, derrière lui, répétait d’un air hypocrite : — « Quel bonheur, oh ! quel bonheur ! »

Mais la vieille, sans s’attendrir, sans même avoir l’air de comprendre, roide comme une statue, et l’œil glacé, demanda seulement : — « Le dîner est-il bientôt prêt ? » — Il balbutia, perdant la tête : — « Mais oui, maman, nous t’attendions. » — Et, avec un empressement inaccoutumé, il prit son bras, pendant que Mme Caravan la jeune saisissait la bougie, les éclairait, descendant l’escalier devant eux, à reculons et marche à marche, comme elle avait fait, la nuit même, devant son mari qui portait le marbre.

En arrivant au premier étage, elle faillit se heurter contre des gens qui montaient. C’était la famille de Charenton, Mme Braux suivie de son époux.