Page:Maupassant - La Maison Tellier.djvu/205

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Soudain la clarté de la lampe baissa.

Mme  Caravan, aussitôt, remonta la clef ; mais l’appareil rendit un son creux, un bruit de gorge prolongé, et la lumière s’éteignit. On avait oublié d’acheter de l’huile ! Aller chez l’épicier retarderait le dîner, on chercha des bougies ; mais il n’y en avait plus d’autres que celles allumées en haut sur la table de nuit.

Mme  Caravan, prompte en ses décisions, envoya bien vite Marie-Louise en prendre deux ; et l’on attendit dans l’obscurité.

On entendait distinctement les pas de la fillette qui montait l’escalier. Il y eut ensuite un silence de quelques secondes ; puis l’enfant redescendit précipitamment. Elle ouvrit la porte, effarée, plus émue encore que la veille en annonçant la catastrophe, et elle murmura, suffoquant : — « Oh ! papa, grand’maman s’habille. »

Caravan se dressa avec un tel sursaut que sa chaise alla rouler contre le mur. Il balbutia : — « Tu dis ?… Qu’est-ce que tu dis là ?… »