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une fatalité ; j’ai beau y penser toute la journée, quand le soir vient j’oublie toujours. » Mais comme il semblait désolé, elle le consola : — « Tu y songeras demain, voilà tout. Rien de neuf au ministère ?

— Si, une grande nouvelle : encore un ferblantier nommé sous-chef.

Elle devint très sérieuse :

— À quel bureau ?

— Au bureau des achats extérieurs.

Elle se fâchait :

— À la place de Ramon alors, juste celle que je voulais pour toi ; et lui, Ramon ? à la retraite ?

Il balbutia : — « À la retraite. » Elle devint rageuse, le bonnet partit sur l’épaule :

— C’est fini, vois-tu, cette boîte-là, rien à faire là-dedans maintenant. Et comment s’appelle-t-il, ton commissaire ?

— Bonassot.

Elle prit l’Annuaire de la marine, qu’elle avait toujours sous la main, et chercha : « Bonassot. — Toulon. — Né en 1851. — Élève-commissaire en 1871, Sous-commissaire en 1875. »