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sitôt qu’elle fut seule, elle s’affaissa au bord du chemin, les jambes rompues ; et elle resta là jusqu’à la nuit.

En rentrant, elle raconta son malheur au fermier, qui la laissa partir pour autant de temps qu’elle voudrait, promettant de faire faire sa besogne par une fille de journée et de la reprendre à son retour.

Sa mère était à l’agonie ; elle mourut le jour même de son arrivée ; et, le lendemain, Rose accouchait d’un enfant de sept mois, un petit squelette affreux, maigre à donner des frissons, et qui semblait souffrir sans cesse, tant il crispait douloureusement ses pauvres mains décharnées comme des pattes de crabe.

Il vécut cependant.

Elle raconta qu’elle était mariée, mais qu’elle ne pouvait se charger du petit et elle le laissa chez des voisins qui promirent d’en avoir bien soin.

Elle revint.

Mais alors, en son cœur si longtemps meurtri, se leva, comme une aurore, un amour inconnu pour ce petit être chétif