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MA FEMME.

Elle était jolie comme tout dans ce rôle héroïque, la fille du colonel. Je l’embrassai, c’était mon droit.

Et je m’aperçus bientôt que je n’étais pas volé.

Voilà cinq ans que je suis marié. Je ne le regrette nullement encore.


Pierre Létoile se tut. Ses compagnons riaient. L’un d’eux dit : « Le mariage est une loterie ; il ne faut jamais choisir les numéros, ceux de hasard sont les meilleurs. »

Et un autre ajouta pour conclure : « Oui, mais n’oubliez pas que le dieu des ivrognes avait choisi pour Pierre. »

Maufrigneuse.


Ma Femme a paru dans le Gil Blas du 5 décembre 1882.