Page:Maupassant - La Main gauche, Ollendorff, 1899.djvu/206

Cette page n’a pas encore été corrigée

pecté, même une seconde, sa sincérité.

As-tu été jaloux, toi ? oui ou non, qu’importe ! La première goutte de jalousie était tombée sur mon cœur. Ce sont des gouttes de feu. Je ne formulais rien, je ne croyais rien. Je savais seulement qu’elle avait menti. Songe que tous les soirs, quand nous restions en tête à tête, après le départ des clients et des commis, soit qu’on allât flâner jusqu’au port, quand il faisait beau, soit qu’on demeurât à bavarder dans mon bureau, s’il faisait mauvais, je laissais s’ouvrir mon cœur devant elle avec un abandon sans réserve, car je l’aimais. Elle était une part de ma vie, la plus grande, et toute ma joie. Elle tenait dans ses petites mains ma pauvre âme captive, confiante et fidèle.

Pendant les premiers jours, ces premiers jours de doute et de détresse avant, que le