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— C’est le hasard qui m’y a conduit.

— Le hasard ?

— Oui, le hasard et le malheur.

— Tu as été malheureux ?

— Très malheureux.

Il était debout, devant moi, enveloppé de son burnous, et sa voix me fit passer un frisson sur la peau, tant elle me sembla douloureuse.

Il reprit après un moment de silence :

— Je peux te raconter mon chagrin. Cela me fera peut-être du bien d’en parler.

— Raconte.

— Tu le veux ?

— Oui.

— Voilà. Tu te rappelles bien ce que j’étais au collège une manière de poète élevé dans une pharmacie. Je rêvais de faire des livres, et j’essayai, après mon baccalauréat. Cela ne me réussit pas. Je